Les banques repoussent les limites d'âge pour les crédits

mercredi 20 janvier 2016

Les établissements soignent la clientèle des seniors en adaptant leurs offres de crédit et d'assurance.

En 2016, les clients seniors deviennent tendance pour les banques. « Leurs projets ressemblent à ceux des 40-50 ans : ils veulent faire des voyages, des travaux, s'équiper d'un ordinateur... Nous devons nous adapter », constate Romy Lecoq-Champeau, directrice adjointe du marché des particuliers Caisse d'Epargne. D'autant que 23 millions de Français sont aujourd'hui âgés de plus de 50 ans, une proportion qui ne fera que progresser dans les prochaines années.

Une démarche inédite

Si pour ces clients, le passage à la retraite entraîne souvent « une perte sensible de revenus », comme le confirme La Banque Postale, qui a récemment ouvert sa plate-forme de coaching financier Appui à ces clients âgés. D'autres opportunités se présentent toutefois pour les banques. « Entre 50 et 65 ans beaucoup de choses se jouent : des financements immobiliers, la préparation de la transmission du patrimoine ou des départs à la retraite », confirme François Rabat, directeur du marché des particuliers au Crédit du Nord. Ce sont ces jeunes retraités et ceux qui se préparent à cesser leur activité qui sont les plus choyés. Depuis juin, le Crédit du Nord a par exemple confié à une équipe de conseillers spécialisés sur cette tranche d'âge le soin de les approcher. La démarche est inédite : il s'agit de se doter d'experts sur les problématiques bancaires spécifiques aux seniors, mais aussi sur des sujets tels que les maisons de retraites ou les questions de santé. Si l'expérience est concluante, en 2017, la banque pourrait disposer d'une centaine de conseillers dédiés à ces clients dans 10 % de ses agences.

Baisse du coût de l'assurance décès

Au Crédit Agricole, cinq caisses régionales ont aussi testé en 2015 une « démarche conseil » auprès des clients seniors, qui sera généralisée cette année à tout le réseau. Elle s'accompagne d'une offre mieux adaptée, avec par exemple une baisse du coût de l'assurance décès invalidité, nécessaire pour la souscription d'un crédit immobilier, pour les clients de 60 à 70 ans.

Les Banques Populaires et les Caisses d'Epargne facilitent de leur côté, depuis le 1er janvier, l'accès des seniors au crédit à la consommation. Les deux réseaux proposent désormais la souscription d'une assurance des emprunteurs pour un prêt personnel jusqu'à 75 ans (au lieu de 70 ans précédemment), et cette couverture assurantielle est étendue jusqu'au 80 ans du client (au lieu de 75 ans). « Les seniors d'aujourd'hui ont conservé l'habitude qu'ils avaient prise lorsqu'ils étaient actifs de souscrire des crédits à la consommation. Ceux qui détiennent de l'épargne y ont également recours, pour garder une réserve de précaution », souligne Jean-Philippe Van Poperinghe, directeur du marché des Particuliers Grand Public Banques Populaires. Ce dernier anticipe dès 2016 une hausse de 30 % de la production de prêts personnels pour les clients de plus de 60 ans. Et du côté des crédits immobiliers, le réseau a relevé de 70 à 75 ans l'âge limite de la couverture décès, sans relever son taux.

Certaines banques comme Société Générale ou BNP Paribas n'entendent toutefois pas proposer des offres estampillées « seniors ». « Les plus de 60 ans ne veulent pas être stigmatisés, analyse Vincent Duval, directeur marketing marché retail de BNP Paribas en France. Toutefois, ils attendent que les produits soient adaptés à leurs besoins, par exemple avec des assurances santé qui prennent en charge les actes de médecines douces. » Un équilibre subtil à trouver. ■

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